Acquisitions, dépôts, restaurations, prêts : découvrez la vie des œuvres à la Chartreuse.

Acquisitions

Portrait de Charlotte Denquin dans son salon marseillais,1907, Inv. PH.GA 01, collection Gain © Douai, musée de la Chartreuse

Portrait de Charlotte Denquin dans son salon marseillais - 1907

Charlotte Désirée Adèle Lassudrie-Duchêne (1880-1965), épouse de Camille Denquin (1876-1917) prend la pose dans son intérieur marseillais en 1907 avant son départ pour Paris en 1908.

Cet autochrome de format 9x12 cm est le témoin du premier procédé photographique couleur breveté en 1903 par les Frères Lumière et commercialisé dès 1907.

Il s’agit d’un don de la famille Gain à la Photothèque Augustin Boutique-Grard avec deux autres autochromes présentant également Charlotte Denquin.

Vases de Delft, vers 1680-1686 © Douai, musée de la Chartreuse

Les plus beaux vases du monde !

La ville de Douai a acquis en 2022 pour le musée de la Chartreuse un vase-bouteille en faïence de Delft du 17e siècle, élément d’un ensemble de trois vases dont les deux autres font partie des collections du musée depuis le 19e siècle. Cet achat a permis de réunir un ensemble extraordinaire, sans équivalent dans aucun musée au monde.

Le musée de la Chartreuse conserve un important fonds de près de 4 000 céramiques. Dans cet ensemble se distingue une paire de très grands vases couverts dits « potiches », à décor chinois, en faïence de Delft du 17e siècle. Ils portent sous leur couvercle la marque IW de la manufacture Het Moriaanshooft (« La Tête de maure »). Fondée au milieu du 17e siècle, cette fabrique se développe rapidement pour devenir l’une des plus importantes de Delft.

Ces vases sont également remarquables par la nouveauté de leur technique, qui associe le rouge de fer au bleu de cobalt. Vers 1680, Rochus Hoppestejn, fils des propriétaires de la manufacture, met au point le décor à l’oxyde de fer pour la première fois en Occident, plus de 20 ans avant Rouen (1708). Une cuisson de grand feu à environ 1 000°C permet de vitrifier le décor d’oxyde de cobalt avec l’émail blanc. La pièce reçoit alors un second décor à l’oxyde de fer, rehaussé d’or, cuit au feu de moufle, c’est-à-dire au feu de réverbère, à environ 600°C.

Le vase de forme bouteille à renflement que le musée vient d’acquérir est de même taille (sans leurs couvercles) et présente le même décor que la paire de potiches. Des lettrés chinois et leurs serviteurs évoluent dans un jardin orné de vases et de fontaines. Ils sont entourés de motifs décoratifs parfaitement identiques sur le pied et le haut de la panse. Ces vases étaient destinés à orner un riche intérieur, en prenant place au sol, probablement devant une cheminée.

Dépôts

Jean-Baptiste Carpeaux, Le Pêcheur napolitain © MBA Valenciennes

Un dépôt exceptionnel du musée de Valenciennes

Fermé pour travaux jusqu’en 2024, le musée des Beaux-Arts de Valenciennes confie une partie de ses œuvres à d’autres musées français tels ceux de Cassel, Saint-Amand-les-Eaux, Nantes, Tours ou Besançon.

La Chartreuse accueillera à l'automne le plus important dépôt consenti par Valenciennes avec le prêt de 8 sculptures et 29 peintures. Parmi elles, le tableau Le Vieux Noyer d’Henri Harpignies éclaire les paysages régionaux de la fin du 19e siècle. Une Apothéose d’Alexandre Abel de Pujol illustre la peinture classique des années 1820, déjà bien représentée dans nos collections. Une Nature morte au jambon et un trompe-l’œil autour des outils du peintre rejoignent nos coquillages, crustacés, fleurs, insectes et mets variés et reflète l’extraordinaire diversité de ces compositions du 17e siècle.

Deux sculptures de Carpeaux complètent notre emblématique Pourquoi naître esclave dans la chapelle du musée. Plusieurs chefs-d’œuvre de Jan Provost, d’Antoine Watteau ou de Hubert Robert sont à découvrir au fil du parcours des collections permanentes.

Restaurations

Mise à plat des toiles dans la chapelle, juillet 2021 © Douai, musée de la Chartreuse

Trois grandes peintures restaurées face au public

Pour étudier ses collections, le musée procède régulièrement à des constats sur des œuvres conservées en réserve. Trois toiles de grand format du 19e siècle ont ainsi été déroulées dans la chapelle de la Chartreuse l’été dernier. Ces peintures avaient été mises en sécurité au début des années 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Accompagnées de restauratrices spécialisées, les équipes du musée ont étalé trois toiles conservées ensemble sur un rouleau de petit diamètre. Lors du déroulement, des moisissures et des traces de projections d’eau ont été relevées au dos des toiles. Une intervention de conservation et restauration a donc été décidée, elle s'est déroulée dans la chapelle du musée en deux temps, en mai et en juillet, en présence du public.

Une représentation religieuse du Christ au jardin des oliviers de Charles-François Jalabert (1855) ainsi qu’une scène antique intitulée Les Derniers Moments de la famille Cenci de Henri-Frédéric Schopin seront traitées, reconditionnées sur deux rouleaux sains et de plus grandes dimensions.

La troisième toile, une Sainte Geneviève peinte par l’artiste douaisien Henri Duhem en 1895, sera quant à elle montée sur châssis pour être restaurée. Elle sera présentée en 2023 lors d’une grande exposition consacrée à la famille Duhem, peintres et collectionneurs.

Saint-François réconforté par un ange qui joue du violon, Cavalier d'Arpin, vers 1593-1595, inv. 2801

Saint François réconforté par un ange qui joue du violon, vers 1593-1595, Giuseppe Cesari dit le Cavalier d'Arpin

Saint Bonaventure raconte que saint François malade voulut entendre de la musique ; des anges lui apparurent jouant de la cithare. Il en ressentit un tel bonheur qu’il tomba en extase. Ce sujet, résumé et adapté ici à un seul ange jouant du violon et dont ce tableau constitue sans doute le prototype, est très prisé dans l’Italie de la Contre-Réforme, à l’issue du concile de Trente (1545-1563).

L’Église catholique, en réaction au protestantisme, promeut alors le culte des saints et favorise les arts comme moyen de propagande ou pour attirer les fidèles. Le Cavalier d’Arpin est d’ailleurs le peintre le plus en faveur à Rome à la fin du 16e siècle. Ce tableau, probablement peint pour un couvent de Fano (Italie, Marches), correspond sans doute à celui mentionné à Rome, villa Borghèse, en 1650, passé ensuite dans les collections princières Pio di Savoia puis Torlonia, au 18e siècle.

Les tons froids qui dominent (gris, brun, violet, bleu), encore maniéristes, contrastent avec la composition proto-baroque, construite de part et d’autre d’une grande diagonale qui oppose le monde terrestre au céleste : à l’immobilisme du saint répond la lumineuse silhouette dansante de l’ange vêtu de blanc et d’une étole rose au drapé bouillonnant, auréolé de jaune. Le naturalisme des feuillages fait penser à l’art du Caravage qui travailla plusieurs mois, vers 1593-1594, comme peintre de fruits et de fleurs dans l’atelier du Cavalier d’Arpin. Cette composition fut reprise en réduction et inversée par Guido Reni, vers 1606-1607 (pinacothèque nationale de Bologne).

Retrouvez cette œuvre et son cadre magnifiquement restaurés dans la salle 3 du musée.

Sorties de réserves

Atelier de José de Ribera, Le Philosophe mathématicien, 1637 © Douai, musée de la Chartreuse

Le Philosophe mathématicien par l'atelier de José de Ribera

Le Philosophe mathématicien peint en 1637 par l'atelier de José de Ribera (1591-1652), dit lo Spagnoletto ou l'Espagnolet vient d'intégrer la salle 3 du musée.

Ribera a peint de nombreux portraits imaginaires de sages grecs, dont deux séries, l’une vers 1630, probablement pour le duc d’Alcalá, vice-roi de Naples, l’autre en 1636 pour le prince de Liechtenstein. Appartenant à la première, ce "Philosophe mathématicien", parfois identifié à Héraclite ou à l’astronome Ptolémée, est une copie d’atelier d’un original conservé au Tucson Museum of Art and Historic Block en Arizona. Il en existe trois autres versions au Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon, au Museo Archeologico Nazionale delle Marche à Ancône (Italie) et en collection privée.

Ce type de représentation, mise au point par Ribera, a connu un grand succès en Italie et en Espagne au 17e siècle. Traité en clair-obscur, l’attention est portée sur la tête, soulignée d’un halo, et les mains tenant un compas, attribut du géomètre, et une feuille de calcul.

Legs Escallier, 1857 / Inv. 320

Majoliques à décor de grotesques, Italie, 16e - 17e siècles, faïence stannifère © Douai, musée de la Chartreuse

Des majoliques italiennes à décor de grotesques

Italie, 16e - 17e siècles, faïence stannifère

Ces majoliques a raffaellesche se caractérisent par leur décor de grotesques, composées d’un réseau symétrique d’arabesques et de motifs végétaux légers intégrant chimères, oiseaux ou satyres. Ce type d’ornement, découvert au 15e siècle dans les ruines de la Domus Aurea, le palais de l’empereur Néron à Rome, a inspiré les artistes de la Renaissance.


Legs Foucques de Wagnonville, 1884

Découvertes

L'Ange de Masny, 1260-1300, © Douai, musée de la Chartreuse

L'Ange de Masny

Le musée de la Chartreuse expose une œuvre rare et précieuse découverte récemment dans les réserves : L’Ange de Masny.

La Chartreuse dispose, en dehors des salles ouvertes au public, de plusieurs réserves où sont conservées des milliers d’œuvres. Ces réserves sont des lieux de travail quotidien pour les agents du musée, qui font parfois des découvertes. Ainsi, une statuette en bois, déposée au musée par la ville de Masny en 1969, a été repérée et étudiée au printemps 2021.

Elle représente un ange dont le sourire, les yeux en amande, les épaules tombantes, le drapé de la robe permettent de dater sa création entre les années 1260 et 1300. Malgré les dommages que cette sculpture a subis, elle témoigne encore de toute la délicate élégance de l’art gothique médiéval. Ce type de petite statue d’ange n’est plus connu que par une vingtaine d’exemplaires dispersés dans les plus prestigieuses collections du monde comme au Musée du Louvre et au The Metropolitan Museum of Art, New York.

Nouvel accrochage

Un cabinet de curiosités comme au 17e siècle

La « curiosité » est pour « l’honnête homme » du 17e siècle le fait de collectionner. Il accumule et étudie passionnément des œuvres d’art, des antiquités ou des spécimens d’histoire naturelle. Sa collection est contenue dans un cabinet, mot qui désigne aussi bien un coffre sur pieds caractéristique de cette période, que la pièce destinée à renfermer ces objets. Souvent situé au bout d’une enfilade, le cabinet est un lieu de retraite et de travail plus que de réception, sauf pour les érudits, les autres curieux et de rares visiteurs autorisés.

Le musée a aménagé une nouvelle salle d’exposition permanente, évoquant un cabinet de curiosités de la fin du 17e siècle, en lien avec l’architecture et l’histoire des lieux. Installé dans une pièce en cul-de-sac située à l’étage noble de l’ancien hôtel particulier de la Renaissance, devenu au 17e siècle un couvent, il prend place naturellement dans le parcours chronologique des collections du musée.

L’accrochage, volontairement dense, regroupe des objets exotiques rares ou précieux, des coquillages, animaux naturalisés, au milieu de peintures et sculptures principalement flamandes. Parmi les œuvres exposées, retrouvez celles mises en dépôt par le musée des Beaux-Arts de Valenciennes, fermé pour travaux pour plusieurs années, et arrivées cet été à Douai.

 

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