Il est difficile d’imaginer que cette paisible scène d’une jeune femme reprisant un filet de pêche ait eu une destinée aussi turbulente.

Une Fille de pêcheur, Jules Breton, 1876, huile sur toile, inv.750 © Douai, musée de la Chartreuse, Image et Son

Lorsqu’en 1876 la Ville de Douai passe commande, Jules Breton (1827 - 1906) jouit déjà d’une certaine reconnaissance pour la qualité de ses représentations naturalistes. L’enfant de la région, né à Courrières, propose un thème paysan, sujet courant de ses peintures, mais s’éloigne des champs de l’Artois pour Douarnenez. En Bretagne, il met en scène Marguerite Moreau, un de ses modèles, devant les falaises de Port-Rhu.

Le tableau rejoint dès 1877 les collections du musée avant que tout ne bascule en 1918. Alors que Douai est occupée depuis quatre ans, les Allemands évacuent la ville, en pillant 180 tableaux dont Une Fille de pêcheur. Durant près d’un siècle elle passe de main en main, change de propriétaire, traverse l’Atlantique, échappe aux tentatives de récupération faute d’une identification claire, compliquée par une toile abîmée par l’évacuation et quelques restaurations.

Ce n’est qu’en 2011, lorsque le tableau réapparaît sur le marché de l’art et suite à d’âpres négociations étalées sur plusieurs mois, qu'Une Fille de pêcheur retrouve finalement les murs du musée de la Chartreuse qu’elle ne devrait maintenant plus quitter.