Le musée de la Chartreuse conserve un important fonds de près de 4 000 céramiques, dont cet ensemble unique au monde.

Garnitures de vases, manufacture Het Moriaanshooft, vers 1680-1686, faïence de Delft © Douai, musée de la Chartreuse

Dans cet ensemble se distingue une paire de très grands vases couverts dits « potiches », à décor chinois, en faïence de Delft du 17e siècle. Ils portent sous leur couvercle la marque IW de la manufacture Het Moriaanshooft (« La Tête de maure »). Fondée au milieu du 17e siècle, cette fabrique se développe rapidement pour devenir l’une des plus importantes de Delft.

Ces vases sont remarquables par la nouveauté de leur technique, qui associe le rouge de fer au bleu de cobalt. Vers 1680, Rochus Hoppestejn, fils des propriétaires de la manufacture, met au point le décor à l’oxyde de fer pour la première fois en Occident, plus de 20 ans avant Rouen (1708). Une cuisson de grand feu à environ 1 000°C permet de vitrifier le décor d’oxyde de cobalt avec l’émail blanc. La pièce reçoit alors un second décor à l’oxyde de fer, réhaussé d’or, cuit au feu de moufle, c’est-à-dire au feu de réverbère, à environ 600°C.

Le vase de forme bouteille a été découvert sur le marché de l’art en juin 2021, grâce à un signalement fait au musée par un amateur hollandais. Il est actuellement prêté au musée par un antiquaire londonien dans l’attente de son acquisition. Ce vase à renflement est de même taille que les potiches (sans leurs couvercles) et présente le même décor. Des lettrés chinois et leurs serviteurs évoluent dans un jardin orné de vases et de fontaines. Ils sont entourés de motifs décoratifs parfaitement identiques sur le pied et le haut de la panse. Ces vases étaient destinés à orner un riche intérieur, en prenant place au sol, probablement devant une cheminée.

La ville de Douai vient d'acquérir le vase-bouteille pour le musée de la Chartreuse. Cet achat participatif a permis de réunir un ensemble extraordinaire, sans équivalent dans aucun musée au monde.